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Voici la carte du trek:

3/4 octobre 2007: Lyon - Katmandu

Départ de Lyon. Dès le départ, ça commence bien. On apprend qu'on ne peut avoir qu'un seul bagage de 23kg en soute. Du coup, la moitié du groupe doit se débrouiller pour faire passer 2 sacs en un, histoire d'éviter de payer 180€ par bagage supplémentaire.
Une fois ce petit aléa réglé, c'est l'heure des séparations avec nos familles. Nous voilà partis pour Londres où nous attend une escale de 4 heures, puis les 8 heures de vol pour Delhi
Dehli… on change de style. On arrive à passer sans avoir besoin de visa de transit. Il suffit de présenter la situation au personnel de l'aéroport et là ils prennent le N° de passeport et le N° des bagages. Ensuite, ils nous conduisent dans le hall de transit et c'est parti pour 7h à attendre dans ce hall bruyant et tout petit.
On fait les 100 pas un peu dans le coltard après cette quasi nuit blanche. Pas moyen de vraiment dormir dans ce hall. On s'occupe en regardant les employés travailler… et ça vaut le détour. Pour laver par terre, tout est organisé: 1 personne pour porter le seau, 2 autres pour balayer, 1 pour laver, 1 pour récupérer la flotte, 1 pour sécher et 3 qui les suivent en les soutenant moralement. L'inconvénient, c'est que pour faire ça, ils déplacent les sièges du hall toutes les 10 minutes. Alors pour dormir, c'est là que ça se complique…
Après un looong moment, un gars vient nous voir pour s'occuper de l'enregistrement de notre prochain vol et de nos bagages. Du fait qu'on soit en zone de transit, nous n'avons pas le droit d'y aller nous même. Sur le coup ça fait un peu bizarre de donner nos passeport à un gars qui s'en va avec pour une durée non déterminée…
Arrive enfin l'heure du décollage pour Katmandu. Nous ne sommes plus qu'à 1h30 de notre rêve: le NEPAL!!

Katmandu, ça y est, on y est enfin ! On est comme des gamins sur le tarmac. Nous récupérons nos bagages après nous être soumis aux formalités (visa de30$). Bonne nouvelle : aucun sac ne s’est perdu pendant le voyage…
Autant le voyage a été lent et calme, autant la sortie de l’aéroport nous plonge dans un autre univers: 50 personnes nous sautent dessus pour nous proposer treks, taxi, porteurs,… Nous trouvons sans problème Harka et l’équipe de notre agence. Nous partons ainsi en direction du bus avec une horde de gars qui nous suivent. L’un d’eux m’aide à déplacer mon sac d’un mètre. Ça m’en coutera 20$!! Je me rends vite compte qu’il fait partie des « plumeurs de touristes »… mais un peu trop tard…. C’est ainsi qu’on découvre la réalité du pays…

S’ensuit une rapide traversée de Katmandu afin de rejoindre l’hôtel et de déposer nos sacs. Nous profitons d’un petit temps libre pour nous imprégner un peu de la vie du pays. Enfin… si on peut dire, car nous allons faire un tour dans le quartier du Thamel: LE quartier touristique de la capitale. Ambiance: des vendeurs qui nous accostent sans arrêt pour nous vendre des babioles en tous genres, la circulation totalement anarchique avec ses klaxons associée à la poussière et à la pollution. Le lieu est sympathique mais vraiment trop touristique!
Pour aujourd’hui nous préférons ne pas chercher de resto et allons manger à l’hôtel et surtout nous allons ENFIN pouvoir dormir!!

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5 octobre: Katmandu

Message vocal du jour:

Dès 8h, nous voila parti pour l’aéroport, en direction de la zone cargo, afin de récupérer le matériel humanitaire : malles de vêtements et matériel de montagne matériel de montagne pour les guides, les porteurs et les enfants d'une école d'escalade locale, ainsi que les fours solaires. Ça va être une sacrée affaire.

Thierry : (…) Il est évident que nous devrons payer des taxes, mais quel en sera le montant ? Cette question s’ajoute à une angoisse qui me travaille depuis notre arrivée : le matériel est-il arrivé ? Dans quel état ?
Je commence un peu à flipper. Dans deux jours nous partons pour le trek, et si le matos n’est pas là, nous ne pourrons pas l’attendre.
Finalement, tout est arrivé en bon état.

Au total, pas moins de 5h pour réussir à sortir avec les colis. Au départ, on nous demande 1800€. Après de longues et difficiles négociations de la part d’Harka, notre interprète, nous parvenons à faire descendre le prix du « bakchich » à 540$. En fait, dans cette zone douanière appartenant au gouvernement, quelques personnes possèdent un accès aux marchandises. Cela leur permet d’exiger le règlement d’une taxe non officielle, toutefois moins élevée que celle que prendraient les autorités népalaises. Tout se passe lentement, tranquillement. Personne n’est stressé. On annonce un prix, puis ils en discutent longuement avant d’afficher un refus, et ainsi de suite. Le paiement se fait en dehors de l’enceinte de la zone cargo, derrière un arbre. Les dollars ne seront que pour l’équipe avec qui nous avons négocié : aucun papier officiel ne sera remis. On comprend mieux pourquoi l’acheminement de colis humanitaires est très compliqué.

6 octobre: Katmandu

Thierry :Rendez-vous à 10h30 à l’agence pour faire connaissance avec Mingma, notre guide. Il est jeune, 27 ans, né au pied du Makalu, très costaud. Il a déjà gravi deux fois l’Everest par le côté Tibétain. Il y a encore quelques jours, il était sur le Cho Oyu à plus de 8000 m.
Nous faisons un brief sur l’installation des fours.

S’ensuit une matinée ballade dans les petites rues de Katmandu, avec leurs petites échoppes dont les boucheries : à même le sol, sans aucune hygiène (pour nos estomacs sensibles…), les dentistes : à voir les « cabinets », on n’a plus mal aux dents… Quelques stupas et temples, présents partout dans la ville. Toujours la même ambiance (bruit, poussière) mais sans les multiples magasins à touristes.
Déjeuner au café Mitra dans le Thamel puis un peu de shopping pour les derniers préparatifs (à noter que les cartes mémoires pour appareils photos numériques sont plus chères qu’en France…)
Retour à l’hôtel dans le black out, comme presque tous les soirs ; mais l’ambiance bougies est agréable ;-) Du coup le resto de l’hôtel ne peut pas préparer de repas ; on repart donc manger à l’extérieur et on retourne au Kilroy’s (ça y est, on commence à prendre nos habitudes). C’est encore bien mieux le soir. Pour ce début de séjour, nous préférons ne pas nous aventurer dans de petits restaurants perdus dans l’espoir d’éviter de trop titiller notre digestion encore peu habituée, surtout à la veille de notre départ en trek…
Retour tardif à l’hôtel où il nous faut tout préparer pour le grand départ. Les sacs sont enfin bouclés vers minuit et on peut se coucher. C’est alors que les chiens du quartier décident, tous en cœur, de nous témoigner leur présence :( On fini tout de même par s’endormir pour une nuit qui sera très courte...

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7 octobre: Katmandu-Lukla-Puyan

D+ 650m, D- 700m, 8h

Ouahh que c’est dur de se lever après seulement quelques heures de sommeil !!!
4h30, petit déj et chargement des sacs, direction l’aéroport. Hop hop hop !
On constate que vers 6h du matin, KTM est beaucoup plus calme mais déjà beaucoup de gens sont dehors : écoliers, gymnastes du matin (Tai Shi ?).
A l’aéroport, terminal des vols nationaux, c’est du beau : on nous contrôle et nous fouille mais avec des poches pleines à craquer, ils nous laissent passer sans rien regarder. Ils font ça par principe ?

Le départ, initialement prévu pour 8h sera plus tardif pour manque… d’avion. Avec le brouillard qu’il y a à Lukla, les avions (qui naviguent à vue) ne partent pas.
1h après, tout commence à rentrer dans l’ordre. JP nous montre sa main qui a quasi doublée de volume. La responsable : une petite araignée ? Mais l’effet est assez impressionnant. Martine, notre infirmière, remédie à ça.
Pascal, quant à lui, est bien brassé du changement de nourriture (très épicée) et de la fatigue (il n’a pas fermé l’œil cette nuit).
C’est donc dans un état semi comateux qu’il monte à bord de notre petit avion d’environ 15 places. Les sacs sont chargés devant derrière, dessus, dessous, enfin… partout ou il y a encore un peu de place…
On quitte KTM pour découvrir d’en haut toute la campagne dont le paysage est entièrement sculpté par les cultures en terrasses : Pas une seule parcelle de terre n’est pas exploitée. C’est superbe !! Le passage du col secoue un peu l’avion mais rien de bien méchant (on s’attendait à pire à la vue de quelques témoignages glanés sur internet…) Vue sur quelques sommets enneigés et bien élevés, ainsi que sur l’Everest (mais pour être honnête, je ne l’ai pas reconnu…).

L’arrivée à Lukla est impressionnante : une piste montante et très courte : le droit à l’erreur n’existe pas !! Là on entre vraiment dans le vif du sujet mais première surprise plutôt déstabilisante : des militaires gardent l’accès à l’aéroport et derrière eux, une véritable foule de porteurs attendant de proposer leurs services aux occidentaux fraichement débarqués. Nous suivons sagement notre équipe de guides pour rejoindre le centre du village afin de donner nos sacs aux porteurs recrutés par Migma.
Le trek va se passer de la manière suivante :
Migma est le guide et chef d’expédition
4 aides guides l’épaulent : Iman, Pasang, Gomba, Pasang Dawa qui sont également guides.
5 cooks s’occuperont de la cuisine pour toute l’équipe.
Les porteurs seront au nombre impressionnant de… 25 !
Il est vrai que pour cette première expérience himalayenne nous avons préféré jouer la carte de la sécurité. Du coup, la logistique s’en retrouve assez lourde.
Le poids des hottes des porteurs est « normalement » de 25 à 35kg par porteur mais certains semblent en avoir bien plus. On n’a beau nous avoir expliqué que les porteurs «veulent » porter plus pour être mieux rémunérés et par « fierté », cela nous met tout de même très mal à l’aise. Nous serions prêts à demander à Migma plus de porteurs (moyennant finances) mais cela ne se fait pas et nous ne pouvons pas nous permettre d’être trop nombreux pour passer le col « technique » de l’Amphu Lapsa. Ainsi, nous chargeons nos sacs de matériel humanitaire (savons, bouquins) et on arrive vers 15/17kg par personne. Ca commence bien, on est chargé comme des mules pour nos petites épaules mais c’est relatif et on a bien les boules…

C’est donc dans un état un peu morose qu’on part démarrer la première étape de notre périple. Les enfants rencontrés nous accueillent avec des Namasté (bonjour), ça reste un des seuls mots qu’on comprend… ;-)

Thierry : Arrivés à Surkey, Mingma nous indique que nous pouvons installer le premier four à l’école.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous nous rendons à l’école et sommes reçus par un couple d’instituteurs. Ils ont deux classes et environ 25 élèves de 5 à 12ans.
Avec l’aide de Mingma, nous expliquons notre démarche et commençons à déballer le four. L’instit se montre très enthousiaste et les enfants sont très curieux. Tout se passe dans la joie et la bonne humeur.
Après 1h30 de montage, nous faisons quelques photos des classes et des enfants, puis nous donnons les derniers conseils sur l’utilisation du four. Malheureusement, nous ne pourrons pas faire de démonstration car il commence à pleuvoir. Les instituteurs organisent une petite cérémonie très émouvante et nous repartons sous les applaudissements. Notre année de préparation se concrétise par tous ces sourires et j’ai du mal à retenir mon émotion. A voir les regards de mes camarades, je vois qu’il en est de même pour eux.

Nous reprenons notre route et arrivons à Puyan vers 18h. Il fait presque nuit et nos tentes sont montées. Heureusement car il recommence à pleuvoir. Nous dînons au sec dans une petite maison. Au menu, un bon dal bhat.

Comme souvent, je n’arrive pas à manger le 1er soir en montagne. J’ai beau essayer, seules quelques bouchées de riz arrivent à passer. Ça me met un peu le doute sur la suite, surtout que demain nous attend une longue étape et la montée en altitude va demander de l’énergie… Ouah, ça met le petit stress d’entrée de jeu… Enfin bon, je ne vais pas trop me prendre la tête avec ça, je verrai demain comment ça se passe au petit déjeuner.
Après plusieurs grosses radées, le ciel semble se calmer et il faut aller se coucher.

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8 octobre: Puyan (2800m)- Col Khari La - Pangkongma (2900m)

D+ 900m, D- 750m, 7h

Message vocal du jour:

Levé 6h30 avec le thé devant la tente, servi par les guides et les cooks. Ça fait bizarre de se faire servir de la sorte et ça nous met un peu mal à l’aise. Ici, ça se passe comme ça, il faudra qu’on s’y habitue. Avec Pascal, on a dormi comme des bébés. Ensuite, on nous apporte une gamelle d’eau pour la toilette du matin. Brrr… on regarde la gamelle, on se regarde… non, pas envie de se mouiller…

On s’attache à faire ce qui sera notre quotidien pour les 3 prochaines semaines : rangement des affaires, duvets, matelas, préparation des sacs et petit déjeuner. Pendant ce temps, les tentes sont démontées, les porteurs se répartissent les charges et commencent à partir pour l’étape du jour.
Migma nous indique qu’on peu monter un four solaire ici.

En attendant le directeur de l’école du village, Flo et Pascal jouent au volley avec 2 enfants : ils jouent vraiment super bien ; les gamins… pas les 2 gars ;-) Au bout de 15min les copains sont bien crevés ; c’est vrai que l’altitude se fait quelque peu ressentir en pleine action…
Le directeur arrive et nous le suivons avec le four. Le montage se fait avec les professeurs.
Nous avons cette fois, la possibilité de faire une démonstration. Nous faisons chauffer un peu d’eau dans une bouilloire. Le soleil brille et l’eau chauffe assez vite. Elle bout en 20 minutes. Constatant l’efficacité du four, un instituteur s’empresse de remplir la bouilloire. Visiblement, nos nouveaux amis sont contents de cette nouvelle installation.
Seuls quelques élèves sont là. En effet, les enfants des villages voisins doivent faire jusqu’à plusieurs heures de marche pour venir étudier ; de ce fait les cours ne commencent qu’à partir de 10h. Nous faisons ensuite la visite de l’école. Celle ci accueille 85 enfants de 5 à 12 ans dans 4 classes.
Le directeur nous invite dans son bureau et nous remercie chaleureusement et individuellement au nom du peuple népalais. Encore une fois nous sommes très émus de tant de reconnaissance, si rare dans nos sociétés.
Il ajoute que ce four est vraiment le bienvenu car il s’intéresse à l’aspect développement durable malgré le fait qu’aucune ONG ne s’intéresse à leur village, peu fréquenté par les touristes.
Dehors, quelques enfants commencent à arriver et découvrent le four. Il est malheureusement grand temps pour nous de repartir pour commencer l’étape du jour, qui sera longue.

C’est donc vers 10h qu’on se met en marche. La montée en altitude est lente car le chemin ne cesse de traverser les nombreux talwegs nous obligeant à de multiples montées / descentes. Le chemin est grandiose : nous traversons une sorte de jungle sur un chemin en très bon état (succession de marches) ainsi que des sections en balcon. Puis se dévoile devant nous des forêts de rhododendrons géants (certains font plus de 30m). Pose déjeuner avec panorama 3 étoiles. Nous repartons doucement (bistaré zom zom… indique Migma) pour finir l’étape. A peine arrivé à Pangongma, un porteur Népalais vient nous voir pour qu’on l’aide car il est blessé à la jambe : ce n’est vraiment pas beau à voir car très infecté depuis plusieurs jours. Martine s’occupe de lui et lui indique qu’il faut absolument qu’il se rende à l’hôpital de Lukla afin de soigner ça correctement. Souvent, les porteurs qui se blessent n’en parlent pas aux guides de peur que ceux-ci les oblige à rentrer chez eux. Du coup ils risquent de perdre une partie de leur salaire. Migma nous propose de commencer à préparer le four dès ce soir, sur le camp, afin de l’apporter monté à l’école du village demain matin. Le directeur n’arrivera pas avant 9h30 et nous ne pouvons pas nous permettre de partir à midi, d’autant plus que la météo se détériore sérieusement. Nous en profiterons pour laisser tous les cahiers, stylos et savonnettes qu’il nous reste car cette école accueille de nombreux élèves et nous n’allons plus croiser d’école avant la vallée du Khumbu, en fin de trek. Le village de Pangongma est spécial : il est réparti sur une grande surface plate et ça, c’est assez rare dans le coin pour être signalé.
Après tout ça, il est temps pour nous de nous occuper un peu de la tente. Pascal découvre que son tube de biafine a explosé dans son sac d’expé : séance nettoyage.
Nous dînons dans un lodge juste à côté du camp. C’est superbe. Il y a des provisions à vendre, de magnifiques chaudrons en cuivre, et tout est super bien aligné sur des étagères.
A côté de nous, les femmes sherpas boivent du thé au beurre de yak et de préparent de la tsampa (farine d’orge avec de l’eau), qu’elles roulent dans leurs doigts avant de la manger avec des légumes.

Après le dernier thé de la journée, nous jetons un petit coup d’œil au magnifique ciel étoilé (pas de pluie ce soir), suivi d’une inspection sangsues car ce soir, elles attaquent !! (Thierry les attire…). D’ailleurs, à l’instant où j’écris, il y en a une qui pendouille dans notre tente… Demain nous montons à plus de 3500m pour une belle bambée. Ce n'est pas loin de 22h, on va aller se coucher.

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9 octobre: Pangkongma (2900m) -Kurke (3700m)

D+ 915m, D- 140m, 5h

Message vocal du jour:

Thierry : (…) Réveil à 6h30. On a pas trop mal dormi mais la pluie nous a réveillé plusieurs fois. Les duvets sont bien humides.
Le temps est brumeux. Nous avons monté le troisième four hier soir, pour l’installer ce matin à l’école (construite par Edmund Hillary). Comme prévu, nous laissons tout le matériel scolaire et les savons. En plus, un photographe de Pontarlier nous a donné des petites peluches publicitaires qui font la joie des enfants. L’accueil est toujours aussi chaleureux. Les instits nous offrent du thé, nous offrent les traditionnelles écharpes, et nous appliquent sur le front de la poudre rouge… Nous sommes maintenant protéger par les Dieux.

Vers 9h15, nous repartons du camp sous un ciel bien chargé.
L’étape du jour débute par une bonne montée. Sur les conseils de Migma, nous nous imposons un rythme de montée d’environ 300m/h max, histoire de ne pas se griller avec la montée en altitude qui nous attend pour les prochains jours. Ce n’est tout de même pas évident de maintenir un rythme « cool » mais ça paye : on prend du dénivelé sans trop se fatiguer et sans transpirer. La forêt est de plus en plus comparable à une jungle. Les arbres sont totalement emmaillotés par des grappes de mousse avec, entre eux, de grandes plantes et des bambous. Ca tranche avec l’image qu’on voit en général de l’Himalaya et de ses hautes montagnes, habitées seulement de roches et de glaces…
Arrivés au col, nous attaquons l’arête. Le soleil semble essayer de percer les nuages mais… non. Au-delà de 3200 environ, la forêt change, ainsi que les arbres qui la composent. Les rhododendrons géants ne sont plus semblables à ceux rencontrés plus bas. Iman nous indique que ceux-ci sont des Rhodos, dit de montagne ; leurs troncs sont beaucoup plus rouges et leurs feuilles… énormes !
Au bout d’un moment, il est temps de s’arrêter pour prendre le casse croute que nous ont distribué les cook, ce matin. C’est ce moment que décide la pluie pour se mettre à tomber. Les parapluies justifient leur présence. Heureusement, l’averse n’est que de courte durée (mais la pause aussi…). Migma nous annonce que nous ne sommes plus qu’à 40min du camp. Nous qui nous nous attendions à une étape de mutants, nous voila bien soulagés.
Il faut tout de même faire bien attention car, comme depuis le début de l’étape, le sentier est une vraie patinoire moussue et détrempé.
C’est donc vers 14h que nous arrivons au camp, à 3675m. Le problème..., c’est qu’on a perdu Thierry dans le brouillard... Par chance, il m’avait passé un Talkie Walkie et, ne nous voyant plus, il l’a mis en marche. Il redescend les mètres qu’il a gravis pour rien et nous rejoint sous la flotte.

La flotte, tiens, parlons en un peu… Au moment où j’écris, ça fait 7h qu’elle tombe sans baisser d’intensité.
La tente mess est pleine de fuites et l’eau passe par-dessous. On propose aux guides d'essayer de creuser des tranchées, histoire de canaliser l'eau. On utilise le matériel dont on dispose… les piolets, alors que déjà la moitié de la tente est inondée.
Et dire que les porteurs vont dormir ici tout à l'heure… La pluie redouble alors d'intensité, comme pour nous narguer. Le chemin s'est transformé en ruisseau. Quant est il de nos tentes, déjà bien humides ?
En rentrant du repas, on constate l'étendue des dégats: ça pisse partout et il va falloir trouver une solution, pourtant c’est des « North Face » neuves. Avec Pascal, on accroche la couverture de survie sur la tente afin de la rendre imperméable. Ca marche! (enfin, faudrait pas que le vent se mette à souffler…). Après 1 heure, une autre goutière apparait, a l'aplomb du duvet de Pascal. Il ressort compléter nos rustine avec un sac poubelle. On verra ce que ça va donner. J'ai l'impression que dans l'abside, mon sac d'expé commence à prendre l'eau, par le zip. Tout devient bien humide, même les duvets, et çà,… ça va pas le faire…

Malgré cette galère, les cooks ont vraiment bien assuré pour nous concocter un délicieux repas. Notre admiration envers les porteurs, cooks, sherpas et guides est de plus en plus grande. Nous qui avons tant (matériel "High tek",…) et eux qui ont si peu et pourtant qui gèrent tout tellement bien… enfin, j'ai peur que leur nuit soit vraiment compliquée avec cette #@&!! de pluie qui n'en fini pas.

JP: (…) c’est trempé de partout, de la boue à volonté ! Les porteurs sont trempés de chez trempés, ça doit être très dur pour eux. Avec flo ont ne stresse pas pour la pluie, on est en montagne, faut accepter ce qu’elle donne. On verra demain, si l’intérieur des tentes est encore trempé on fera avec…mais si cela dur pendant 15 jours ça va devenir dur, voire très dur.

Demain, on doit aller à Tulikarka qui doit être vers 4200m. En principe, on monte à 4400m au maximum. Tout ce que j'espère, c'est que mon duvet ne sera pas trop trempé et SURTOUT que la pluie cesse et que le soleil revienne !!! D'autant plus que le paysage est magnifique (du moins sur les photos qu'on a pu voir…)

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10 octobre: Kurke (3700m)-Tulkiharka (4210m)

D+ 985m, D- 480m, 8h

Lever, 6h30. Je suis déjà réveillé depuis presque 3/4 d'heure. J'ai pu apercevoir du beau temps dehors. Les brumes jouaient avec les montagnes, donnant un aspect mystérieux au lieu. La tête encore un peu brumeuse (elle aussi), je n'ai pas sorti l'appareil photo; c'est vrai, ça pourra bien attendre une petite 1/2 heure. Et donc, 1/2 heure plus tard ... ben ya plus rien...
Ca m'apprendra à être flémard...
Bon, on se lève quant même, après une très bonne nuit pour ma part. Flo et JP se sont réveillés avec leur tente transformée en piscine... heureusement le matériel n'a pas trop ramassé.
Nous déjeunons dans la gadoue, au milieu d’un brouillard bien humide. Toutefois, une très courte éclaircie nous permet d'apercevoir furtivement le Kangchenjunga ( Kanzenzenga en népalais phonétique...). Le spectacle est fini, nous partons pour l'étape du jour.
On passe dans le camp des Hollandais, situé au dessus du notre. Eux aussi projette de faire le Méra Peak, mais en aller / retour.
On attaque par un rythme soft, surtout que le sentier est raide et très gras. C'est marrant, sur certain comptes rendus du Méra Peak, je lisais "chemin super facile"... ce n’est pas dur mais je le déconseillerai à ceux qui ne sont pas à l'aise en rando un peu technique, où il faut savoir poser les pieds. D'ailleur, il suffit de voir une des femmes du groupes des Hollandais qui galère vraiment.
Pendant la montée, un jeune porteur me dépasse et commence à entamer la conversation en anglais. Ca fait plaisir de pouvoir discuter avec lui mais il ne marche pas du tout au même rythme que moi... Tant pis, j'accélère. J'apprends donc, entre autre, qu'il est étudiant à Katmandu et que, comme beaucoup d'autres étudiants, il finance ses études en travaillant comme porteur. Je l'abandonne à 4000m pour profiter de la "vue" et pour reprendre mon souffle (700m/h à 4000m... j'ai le cœur qui va sortir...).
Cette altitude n'est en rien comparable aux Alpes: Ici, on se croirait en ballade dans la Chartreuse, mis à part le palpitant qui a tendance à s'affoler.
La suite de l'itinéraire se passe doucement avec beaucoup de traversées. Pause repas à 4200m, juste sous le col. La montée au col, à 4400m, se passe bien. Ca tape quelques fois un peu dans les tempes mais rien de bien méchant. La redescente est longue, entrecoupée de nombreuses remontées et surtout accompagnée de notre camarade de marche: la pluie.
Aujourd'hui, elle n'attend pas qu'on soit arrivés au camp pour nous faire sa visite quotidienne. Je tiens à dire un grand MERCI à tous ceux qui nous ont conseillé de prendre un parapluie. C'est l'arme fatale!!
Les descentes sur les rochers trempés sont vraiment casse gueule. Nombreux sont ceux qui s'en sont collés une (même Migma...). Bon ce n'est pas tout mais ça commence à faire long cette descente. Je commence à être bien claqué (effet de l'altitude??) mais je n'ai pas mal à la tête.
Entre 2 masses de brouillard, on distingue un bâtiment; ça y est !! Tulikarka!! Il semble (au peu qu'on distingue) que ça ne soit qu'un camp d'expé avec quelques lodges.

Arrivé au camp, je me prends un violent mal de tête accompagné d'une sensation de froid et d'être brassé... SUPER !! Je me traine sous la tente pour me changer. Je n'arrive rien à faire et pourtant la tente est trempée à l'intérieur.
Pascal, qui va bien, s'occupe de protéger l'extérieur comme hier puis il sèche l'intérieur. Merci! De mon coté, je gobe une aspirine et j'attends que ça passe. J'en profite pour psychoter. C'est dingue ce qu'un petit coup de moins peu faire réfléchir (surtout avec l'altitude et "l'isolement"). Je me tâte à prendre un diamox mais je préfère attendre. J'en viens à me demander pourquoi continuer: ça fait 4 jours de marche et 4 jours que le temps est de pire en pire. Mais non!! Il faut que je vois le bon coté!! Laissons passer ce moment... Finalement, au bout de 2h ça va un peu mieux, le mal de tête commence à s'aténuer mais je suis toujours un peu brassé. Je rejoins le groupe dans le lodge, en bravant les trombes d'eau qui s'abattent sur notre campement. Le repas a un peu de mal à passer...
A coté de nous se tient une expé d'Italiens qui reviennent du Méra. Ils ont buté sur L'Amphu Lapsa La car il y a trop de neige. De la, une partie du groupe se met à discuter avec les guides de la possibilité de passer par la ou de faire demi tour. Déjà que ce soir je suis plutôt ronchon, mais là ca me saoule. Franchement, on est en montagne, et d'ici 9 jours il y a le temps de se passer beaucoup de choses. J'arrête de me prendre la tête et me réchauffe (avec mes affaires trempés du sac d'expé) devant le poêle à bois du lodge. On se demande si on ne serait pas mieux à dormir au sec, dans le lodge (déjà bien remplit)...
Finalement, on décide d'aller sous les tentes malgré la pluie qui ne cesse de s'intensifier. Dans la tente le moral n'est pas au top. J'essaye de remotiver Pascal, qui semble couver quelque chose. C'est vrai que la pluie continue commence à peser sur le moral des troupes, et c'est pénible de ne voir que des nuages. En plus... c'est les mêmes que chez nous... Allez, demain il fera meilleur et on pourra voir les sublimes paysages dissimulés jusqu'à maintenant...

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11 octobre: Tulkiharka (4210m)-Khote (3585m)

D+ 540m, D- 1120m, 7h

Message vocal du jour:

Le lever se fait sous une petite bruine. Il a neigé environ 300m au dessus (vers 4500m). On distingue quelques sommets en face mais ça ne sera que de courte durée. Après une très bonne nuit pour moi et un gros petit déjeuner (l'apétit est revenu), nous sommes prêts à repartir.
L'étape commence par une decente. On sent le soleil proche et réchauffant mais ça ne va pas durer. On marche un moment en oscillant aux environ des 4200m puis on plonge en direction de la vallée de l'Hinku et l'épais brouillard qui l'habite. Le paysage change: nous quittons les herbes basses pour retrouver les rhododendrons vers 3800m. La descente est très raide et complètement détrempée. Nous arrivons à la pause de midi sous une bruine devenue classique.
Cette pause est assez longue et c'est bien refroidit qu'on reprend la descente. Les parapluies sont de sortie (encore un grand merci à son inventeur...). La descente se transforme progressivement en stage commando: de la boue, de l'eau, des cailloux glissants, le tout entrecoupé de traversées de ruisseaux, quand ce n'est pas le sentier qui est lui-même le ruisseau. Plus bas, la flore change: les rhodos cèdent la place aux pins bleus. Aujourd'hui ça sera des pins gris et brûmeux.

Depuis un moment, on entend un bruit de torrent ou cascade plus bas. Soudain une percée dans le brouillard nous permet de mieux dicerner l'endroit ou nous sommes: le fond de la vallée. Nous avons donc rejoint la fameuse vallée de l'Hinku, qui remonte jusqu'au Mera La. Le coin doit être somptueux par beau temps. On peut même voir la célèbre face ouest du Méra Peak...
En tout cas, ça bouillone sévère. La rivière a creusé un lit profond, digne de la démesure de l'Himalaya. Ca doit dépoter lors de la fonte des neiges... Tout est au format XXL: le débit de l'eau, les rochers qui encombrent le fond de vallée, les affaissements de terrain, les montagnes,… On se sent tout petit. On passe au niveau d'un "pont" en bois qui enjambe la rivière mais qui ne donne pas envie de s'y engager. Migma nous indique qu'il y a de ça 10-20 ans, il n'y avait pas de "vrais" ponts. Du coup, les habitants passaient par là pour traverser vers l'autre rive. Ca ne donne toujours pas envie de s'aventurer dessus.
Nous repartons dans les bois; ça monte, ça glisse, c'est crevant. Je suis en train de fondre dans ma gore tex. Ca monte, ca glisse, on n'en fini plus. Martine commence à être vraiment KO, d'autant plus qu'elle s'est pris depuis quelques jours une espèce d'angine. Pascal est complètement claqué. On en vient à se demander si c'est étape a une fin… surtout qu'on est dans une véritable jungle qui ne donne aucun signe de civilisation ni d'emplacement de camp.
Ca y est, enfin, on tombe sur une clairière proche de la rivière. Le coin est superbe. Serait ce Khote? On n'ose plus y croire... Des lodges, des tentes, si, on est bien arrivé!!
Nous posons les sacs dans un lodge, à coté d'une "boucherie".
Il bruinasse encore et l'idée de dormir dans l'humidité des tentes ne nous plait pas plus que ça. Pascal, qui s'est pris une bonne crève, est bien motivé pour dormir au sec, d'autant plus que ça ne coute que 500 rps la chambre (env.5€). Pour ce prix là, ça ne sert à rien de tergiverser pendant des heures. JP et Flo veulent dormir en tente mais finalement, se laissent tenter par le plaisir d'une nuit sèche, avant l'attaque des "hostilités" demain.
Nous faisons la rencontre d'un couple d'amis venus d'Alsace: Michel et Esther, grands habitués du Népal. Ca fait plaisir de discuter avec eux. Ils vont également au Méra Peak. Il semblerait que nous ne soyons pas très nombreux à tenter le Méra en même temps...

Les cooks nous réservent une belle surprise pour le repas. Après le yack délicieux malgré son aspect dans la boucherie tout à l'heure, nous avons droit à une tourte au pommes!!!! Ce soir, à 3600m, je me sens comme en plaine. Ca fait du bien d'avoir perdu de l'altitude depuis hier. On verra ce que ça donnera demain, à 4300m.
Petite partie de cartes, blablatage et nuit dans nos chambres 4*.
Demain nous montons à Tangnag pour la journée d'acclimatation.

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12 octobre: Khote (3585m) - Tangnag (4300m)

D+ 800m, D- 100m, 7h

La nuit en lodge a été vraiment bonne. Les affaires on pu sécher un peu mais surtout, elles n'ont pas trop pris l'eau.
Ce matin, le ciel est bien pris… comme d'habitude… mais bonne nouvelle: il n'a pas plut cette nuit !! (et ça tombe pile quand on dors à l'abri…).

On démarre tranquilou en remontant la vallée. Il ne pleut pas mais nous restons coincés dans ce satané brouillard.
Cette vallée doit être magnifique. On passe à travers d'énormes blocs de roche rouge pétant. Normalement la face ouest du Méra se présente dans toute sa splendeur mais je sens qu'on ne la verra jamais. Belle surprise à midi, pendant la pause: le soleil se fraie un chemin au travers des nuages.
C'est dingue le bien que procure cette chaleur. Nous nous mettons immédiatement à sortir toutes nos affaires humides, ainsi que nos chargeurs solaires, qui ont bien du mal à recharger nos batteries ces derniers jours… Le plafond nuageux se lève progressivement et nous distinguons de mieux en mieux cette vallée de l'Hinku. Le rayonnement dû à l'altitude sèche rapidement les habits; nous sommes à 4000m.
Le soleil ne restera pas longtemps mais aura eu le mérite de nous redonner de l'énergie).
Nous repartons en direction d'un petit monastère bouddhiste, construit sous un rocher, dans lequel vit un ermite. Cet homme, qui a construit ce lieu de prière, semble extrêmement faible (on se demande s'il ne jeûne pas). Il sort pour nous faire un descriptif des sommets alentour en se servant du relief d'une roche. Nous faisons chacun une offrande en demandant du beau temps. Les guides nous disent qu'ils pressentent le retour du soleil (serait-ce pour nous faire plaisir?).
La fin de l'étape est vite là. Nous arrivons à Tangnag, au confluent de plusieurs vallées secondaires. Le coin est magnifique, au milieu d'un immense chaos de blocs. Nous apercevons brièvement quelques sommets dont le Méra Peak.
De mon coté, tout va bien; les 4300m sont très supportables mais je n'irais pas jusqu'à rejoindre les quelques porteurs qui jouent au foot avec Flo et Thié...

Thierry : Nous nous installons comme tous les soirs autour du fourneau. Nous jouons aux cartes. Ca passe le temps et s’amuse bien. L’ambiance est toujours aussi bonne dans le groupe Nous sommes impatients de prendre de l’altitude.
Mingma nous dit que finalement, la journée d’acclimatation sera à Khare, donc après demain à 4900m. Je pense aussi que c’est plus sage car l’étape d’aujourd’hui a été très cool et demain c’est pareil (en principe). Nous nous couchons vers 20h30. Il fait bon et le temps est sec.
C’est demain que les choses sérieuses commencent.

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13 octobre: Tangnag (4300m) - Khare (4925m)

D+ 750m, D- 150m, 5h

Message vocal du jour:

Réveillé à 6h, quelle surprise de voir un ciel limpide. Le Mera est somptueux. Les sommets autour en imposent !! Ca fait vraiment du bien de commencer une journée de cette manière.
Petit dej, rangement du sac et c'est reparti pour une journée en altitude.
La montée est soft. On se force à aller ultra doucement (env. 200m/h). La mer de nuage remonte la vallée et essaye de nous rattraper. On arrive quant même à profiter du paysage et de recharger un peu les batteries, via les chargeurs solaires qu'on porte sur nos sacs.

4500, 4600, 4700, les mètres défilent lentement. Tout d'un coup, sur la dernière montée: 4810m!! Le Mont Blanc (du moins, la même altitude...)
Le cadre n'est pas le même: Edelweiss, gentianes acaule d'un bleu très clair. Ca fait bizarre de dépasser l'altitude ultime de nos contrées habituelles.
Le camp de Kahre n'est plus bien loin. On se prend en photo tous ensembles pour la postérité… ;-)
Arrivé à Kahre, je rencontre une femme qui est restée ici aujourd'hui alors que tout son groupe est parti pour le sommet, suite à un œdème pulmonaire. Ca me file un coup de moins et me rappelle que même proche (en distance) le sommet reste encore très loin. S'ensuit un débat sur l'utilisation ou non du Diamox: oui, non, préventif, curatif?? Je préfèrerai éviter d'en prendre car notre acclimatation est censée être bonne mais d'un autre coté, ça serait dommage de risquer de ne pas faire le sommet… Au final, je décide de ne rien prendre pour le moment car je ne présente pas de symptôme de MAM et je verrai plus tard, au camp de base… Pour le moment, ça va, mal de tête très diffus et tête lourde. En revanche je me colle une paire de cernes !!! On dirait que je n'ai pas dormi depuis 2 mois!!
Après le repas, on décide de monter à 5000m pour s'acclimater un peu. Grand moment que le passage de cette altitude, qui ne reste somme toute, qu'un chiffre sur l'altimètre, mais quant même, ce n'est pas tous les jours qu'on se ballade aussi haut.
En montant on rencontre plusieurs expé. Entres autres, des russes qui partent pour le sommet demain. On tchatche la haut pendant un moment. Pascal et JP font quelques pas de bloc à 5000m. Après 1 heure on redescend tranquillement. Tout se passe à merveille pour le groupe. La température commence à dégringoler alors on en profite pour tester les grosses doudounes Valandré: de la balle !!
On s'enquille le 2ème litre de thé de la journée !
Migma et Iman nous briefent sur la suite des évènements en nous faisant gouter le Tchang: c'est bien bon mais on en profitera plus une fois que le sommet sera derrière nous...
On apprend que quelques porteurs vont apporter des affaires au HC. Il ne nous restera que l'altitude à gérer, alors qu'on se préparait à monter avec tout l'équipement sur le dos.
ça m'énerve car je me prends trop la tête avec le sommet. Le fait qu'il soit si proche me fait appréhender sur mes capacités face à l'altitude, alors que le sommet ne reste pas une fin en soit… mais bon... Enfin, ça ne sert à rien d'y penser même si c'est plus fort que moi. Pourtant, les clopes à 5000m passent très bien…...(No comment)...
Bon, il est temps de se coucher. Demain, grasse matinée jusqu'à 8h puis journée peinard pour l'acclimatation.

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14 octobre: Khare (4925m) Journée d'acclimatation

D+ 250m, D- 250m, 2h

Aujourd'hui pas de réveil mais vers 7h, je suis réveillé, d'autant plus en voyant le grand bleu dehors. Cette fois ci je décide de sortir illico du duvet, avec l'appareil photo, pour mitrailler les sommets (j'ai au moins retenu ça des jours derniers…).

S'ensuit l'étalage de toutes nos affaires humides. Que ça fait du bien de prendre du temps pour s'allonger en profitant du soleil et de sa chaleur revigorante. Le repas de midi est semblable à tous les repas qu'on à depuis plus d'une semaine. On commence à s'en lasser même si les cooks font de gros efforts. Décidément, ces français, ils ne sont jamais contents mais c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de calories dans nos repas!!
Petites manip de cordes, recharge de notre matos photo vidéo,… puis vers 14h on décide de partir faire une ballade en altitude.
On remonte une arête jusque vers 5200m. La montée se fait dans les nuages mais de temps en temps, quelques sommets environnants percent les brumes pour nous présenter leurs faces enneigées avec à leur pied de monstrueuses moraines. L'Ama Dablam en fait parti.
En redescendant, on tombe sur 3 énormes sortes de poulardes himalayennes mais leur modèle exacte me reste inconnu. Ca donne faim, d'autant plus qu'on ne mange plus de viande depuis un moment…
Ce soir, les cooks nous ont fait un GATEAU!! Par la suite, les choses vont moins bien se passer…

Martine ne va pas très bien depuis plusieurs jours. Ce matin, elle était toute gonflée après avoir été réveillée plusieurs fois par des sortent de palpitations. Le diamox fait son effet mais en plus de son angine les choses ne sont pas évidentes: toux sèche, manque d'appétit. On appelle l'IFFREMON avec qui nous avons pris un forfait assistance, au cas où. Le doc nous annonce 2 heures de caisson. Ce n'est donc pas très rassurée qu'elle rentre dedans. Dire que ce matin on faisait des teste de gonflage du caisson... Pascal, un peu malade ces derniers jours est rassuré car le doc écarte la cause de MAM.
Tous les 5, nous nous relayons pour ventiler le caisson: 1 coup de gonfleur toutes les 4 secondes pendant 2 heures). Migma nous aide.
En sortant, Martine se sent "un peu" mieux mais elle est complètement trempée par la condensation qu'il y avait dans le caisson.
Aller, c'est déjà 22h30, on va vite aller dormir car demain on reprend la route.

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15 octobre: Khare (4925m) - Camp de base (5360m)

D+ 530m, D- 85m, 4h45h

Réveil à 6h30. Je n’ai pas super bien dormi. J’ai chopé la crève...
Il faut préparer le matériel pour la journée. Dehors, il ne fait pas bien chaud et il a neigé un peu cette nuit. Le ciel a viré au temps à neige.

C’est parti; après une journée de repos, il faut reprendre la marche. Le mal de tête de ce matin passe, aidé par l’aspirine.
Comme d’habitude, la montée se fait lentement, d’autant plus que l’on a mis du poids aux pieds avec les grosses. Fini le temps de la gambade avec les chaussures de trail légères : il faut se réhabituer aux semelles rigides...
On attaque la montée du glacier dans une ambiance assez austère : couleurs gris, noir, blanc des mauvais jours, mais qui donne aux montagnes une autre dimension. Arrivés sur le plateau qui mène au col, vers 5400m, on distingue l’itinéraire complet du sommet ; celui la même qu’on regarde en photo depuis 1 an.
Le soleil apparait et le rayonnement est tel qu’il est impossible de retirer les lunettes pour prendre des photos. Cette traversée du col est vraiment longue, il fait très chaud ! Le mal de tête prend de l’ampleur au fur et à mesure qu’on progresse.
Le cadre est vraiment particulier : le brouillard laisse passer quelques rayons de soleil pour éclairer de manière diffuse les crevasses qui nous entourent. On se croirait dans un autre monde.
Arrive enfin le Mera La. La petite descente, qu’on fait en ramasse avec JP, fini de m’achever la tête. Encore un peu d’aspirine car ça tape sévère.

Pendant le repas, Pascal a également la tête qui tape fort ; Flo a mal au ventre et ne mange rien. De mon coté, ca passe assez vite. Avec Pascal, on va sous la tente afin de se mettre au chaud car nuages et vent à cette altitude, ça refroidi vite...
J’en profite pour faire une bonne sieste. Je rejoins JP sous la tente mess pour fumer une petite clope. Une bonne partie des porteurs veulent essayer le tabac français. Nous passons un bon moment malgré cette foutue barrière de la langue.

Le bilan des troupes est assez mauvais : Flo et Pascal ne vont pas très bien. Martine va mieux mais elle est épuisée par ces derniers jours et ne pourra pas aller plus haut. Pascal et Flo se mettent sous Diamox afin d’essayer d’enrayer le MAM. Ils ne sont vraiment pas au top. J’espère vraiment que demain ça va aller mieux pour eux et qu’ils vont monter au HC.
Nous demandons aux cooks si nous pouvons avoir un repas énergétique car les derniers repas ne semblent pas apporter suffisamment de calories. Du coup, nous avons droit à une soupe à l’ail (il parait que c’est bon pour l’altitude) ainsi que du dalbath. Le problème c’est que Pascal et Flo ne peuvent rien avaler et ne veulent pas nous rejoindre au repas. Pour ma part, ça ne me rassure pas en voyant à quelle vitesse le MAM les a attrapé, alors que ce matin ils allaient super bien vers les 5200m.
Les 2 prochains jours, on risque d’en baver, mais c’est aussi un peu pour ça qu’on est là…

Thiérry: A côté de nous, dans la tente mess, il y a quelques porteurs assis sur une bâche posée sur la neige. Ils sont frigorifiés. Ils n’ont pas de vêtements chauds, certains sont en baskets. C’est à peine croyable. Malgré tout, ils sont d’une extrême gentillesse et d’un dévouement absolu. Sans ces porteurs anonymes, peu d’expéditions ne pourraient gravir ces sommets himalayens. En les observant d’un peu plus près, nous constatons qu’eux aussi souffrent de l’altitude. Certains « traînent » de vieilles blessures. Notre pharmacie leur est très utile.
Il fait de plus en plus froid. Dehors le vent se lève légèrement et il tombe du grésil.
Il est encore tôt mais le plus sage est de nous coucher pour reprendre des forces.

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16 octobre: Camp de base (5360m) - High camp (5800m)

D+ 460m, D- 30m, 3h30

Message vocal du jour:

Réveil vers 5h avec le mal de tête. Direct 1 aspirine. Ensuite je somnole jusque vers 6h avec ce mal de tête diffus mais qui ne veut pas partir.
Bonne nouvelle, Flo et Pascal vont vraiment mieux. Par précaution, je prends quant même un diamox pour la montée au HC.
Dehors, le ciel est superbe, les contrastes donnent une dimension magnifique aux sommets et à la face nord du Méra, juste au dessus de nous. Le HC parait très proche mais ça ne va pas être facile.

On dispatche les sacs avec Pascal : le sac d’expé reste ici avec tout le matériel inutile à l’ascension, un autre monte au HC avec le nécessaire de la nuit : duvet, matelas, un peu de vêtements chauds. La préparation est longue et c’est vers 9h que tout le monde est prêt à partir.
Ca monte de manière régulière et « agréable ». On a même droit à la vue sur une partie du Makalu et du Nupste, bientôt l’Everest... On a beau être vers 5500m, quand le soleil est là, ça chauffe sévère. Etalage de crème, séquences photos, tous les prétextes sont bons pour une petite pause.
Martine à décidé de suivre mais semble bien fatiguée ; Migma lui a laissé la possibilité de monter au HC mais elle ne pourra pas rejoindre le sommet... Vers 5600m, Flo se prend de bons maux de ventre et est pris de vomissements... ça le clou au sol. Je reste avec lui pour le reste de la montée qui va se transformer en vrai calvaire pour lui. Pourtant le cadre est grandiose. C’est drôle, chez nous, le moindre tas de terre porte un nom. Ici, les sommet de 6000, 7000m foisonnent mais ne possèdent pas de nom. A la fois, il y en a tellement...
Flo fini par parvenir au HC, sous un ciel qui se couvre de plus en plus. On y retrouve Esther et Michel qui redescendent du sommet (ils sont montés d’une traite hier depuis Karhe).
Il parait qu’il est tombé 30cm de neige pendant la nuit. Leur montée a été fraiche et ventée, surtout au sommet.
Nous attendons le repas de midi sans grande envie, et qui ne sera pas très riche...Le ciel se couvre de plus en plus. On ne distingue presque plus les superbes séracs qui se trouvent à coté du camp, qui est assez petit et coincé sur un bout de rocher, surplombant le glacier.
D’ailleurs, l’étroitesse du lieu transforme le camp en des toilettes géantes. Ici, la neige n’est pas blanche mais prend des teintes allant du jaune clair au orange foncé (je ne sais pas à quoi ils tournent ceux la…). Il se met à neiger. Direction les tentes pour tout le monde. On entend quelque chose qui ressemble à du tonnerre... un peu bizarre pour de simples mouvements du glacier. Et bien non, il s’agit bien d’un orage de neige et elle tombe à vive allure. La température n’a plus rien à voir avec tout à l’heure au soleil. On a du perdre pas loin de 20°C.
Pascal va vraiment mieux et on se fait un bon délire dans la tente avec les appareils photo et la caméra. On se trouve la bonne excuse de l’altitude : ici on perd environ 50% de nos capacités physiques et mentales (surtout mentales…). Et il neige, tonne, reneige ; il semble que ca ne va pas s’arrêter. Déjà que demain ça va être dur avec l’altitude mais avec de la fraiche !! D’autant plus qu’on est la seule expé ici.
En effet, après notre arrivée à Lukla, le temps pitoyable qui nous a accompagné a empêché tout avion de se poser pendant 3 jours. C’est cool, c’est ce qu’on espérait mais il va falloir faire la trace tout du long, alors qu’aujourd’hui, c’était une autoroute.
Là, il est 17h, Pascal est posé au chaud à coté en train d’écrire pour faire passer le temps. Rien que de penser que dans 1/2h il va falloir sortir pour manger, ca ne donne pas envie du tout.
Demain, c’est le dernier gros effort d’altitude. Ca fait bizarre de regarder l’altimètre et de voir affiché 5800m... Au fait, ça me fait penser au Diamox... C’est excellent ce truc. Au bout d’un moment ça fourmille partout dans le corps ! Impression étonnante...

Bon, après un repas sans grand appétit, debout, sous la neige et les rafales de vent, on retraverse le camp avec 15cm de neige fraiche et le vent glacial et on se remet sous les tentes pour une nuit de quelques heures. La motivation de se lever à 2h pour brasser dans la neige à 6000 dans le froid m’enchante guère mais je ne vais pas faire ma chochotte.

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17 octobre: High camp (5800m) - Mera Peak (6461m) - Kongme Digma (4760m)

D+ 950m, D- 1700m, 14h

Message vocal du jour:

Nuit globalement très bonne malgré quelques réveils à cause des grosses bourrasques de vent.
Levé 2h du matin, -8°C dans la tente alors qu’il fait super bon dans le duvet.
Préparation des sacs et petit déj, histoire d’essayer d’avaler quelque chose... mais à cette heure la... La tenue du jour sera chaussettes épaisses, les dessous thermiques, T shirt long, polaire, doudoune, cagoule, spantiks, sous gants, gants duvet, masque de snow. Avec tout cet attirail, ca devrait aller (on ressemble à des bonhommes michelin...)

1h30 après le réveil, voila que tout le groupe est prêt, sauf Martine qui va rester au camp. Les guides nous indiquent les cordés que l’on va faire pour la montée de nuit. Direct, la couleur est annoncée : il y aura en moyenne une bonne 50aine de cm de poudreuse et donc plus de trace...
Je me retrouve en 2ème position, juste derrière Iman, qui trace. Mais vu qu’il est tout léger (et oui, plus que moi...) je m’enfonce à chaque pas.
Le problème de la nuit et de la neige fraiche, c’est de savoir quel est le cheminement. Il semble qu’on tire beaucoup à gauche. De plus, la température est très basse (peut être -15°C) avec les rafales de vents d’environ 60km/h. Du coup, les pieds et les mains n’ont pas bien chaud : les petites chaufferettes ne font pas leur boulot car elles fonctionnent par action de l’oxygène, et ici, il y en a beaucoup moins... (on aurait du y penser). Autre chose, pourtant connue à l’avance mais on va dire que c’est à cause de l’altitude, l’eau de la poche à eau a gelé en 10s. On n’aura donc pas d’eau pour la montée.
La marche nocturne dure 200m de dénivelé. Le lever de soleil est extraordinaire : Kangchenjunga, Makalu, Nuptse, Lhotse, Everest, Barunste, Chomolongma. Les teintes du ciel sont comme jamais je n’en ai encore jamais vu. Bien sûr les piles de mon APN sont mortes et la carte mémoire est pleine… Le temps de faire le changement de pile que les nouvelles piles sont vidées : c’est dire comme il fait froid.
Maintenant que le soleil est là, on se désencorde pour aller chacun à notre rythme. La première partie m’a déjà bien fatigué et on a encore rien fait... La tête, le ventre, les cuisses, tout va bien, mais le problème, c’est le souffle : 6000m, ça fait son effet !

Nous constatons qu’on à bel et bien trop tiré à gauche. On reprend la bonne direction en contournant de belles crevasses, peu nombreuses et très ouvertes, suivies d’une traversée d’arête un peu aérienne. Thierry en profite pour faire tomber une moufle.
Les pieds et les mains souffrent un peu du froid malgré le super équipement. Ne pouvant pas boire, j’essaye de manger une barre énergétique. Je suis à 2 doigts de me péter une dent : c’est devenu une barre de glace... cool, l’ascension se fera sans boire ni manger.

6100m. Ce n’est pas possible, pourquoi l’altimètre ne veut pas monter ? (histoire de ne pas dire que c’est moi qui me traine) J’oscille entre 80 et 150m/h. Plus ça va et moins ça va. Toutes sortes de pensées me passent par la tête dont « qu’est ce que je fais là », pourquoi vouloir monter sur cette calotte neigeuse » « j’en ai marre ». Mais la motivation et la vue de mes potes devant me font tout de même avancer.
L’alti se décide quant même à monter. Quand je vois la bosse sommitale, je me dis que je ne peu plus m’arrêter maintenant, mais dans l’état ou je suis, elle me parait totalement hors de portée. Il faut aller chercher loin l’énergie pour avancer. Je m’arrête tous les 10 pas, le cœur au taquet, le souffle coupé en respirant cet air glacial et pauvre en oxygène, mais riche en neige balayée par les rafales de vent de plus en plus fortes ; ce vent de coté qui plusieurs fois me fait chanceler

.

Thiérry: Enfin, nous trouvons le sommet.
Sur la dernière pente à 40-45°, Mingma installe une main courante par sécurité. Nous arrivons à huit au sommet. Notre groupe et Mingma et ses deux aides guides. C’est génial!
Je pense à tous les gens qui nous ont soutenus pendant cette année de préparation. Nous faisons quelques photos. Il fait vraiment très froid, avec le vent, la température ressentie est peut-être à -30, voir moins. Je m’enveloppe la main dans ma cagoule.

SOMMET!! Ca y est, ce sommet observé depuis 1 an... Nous y sommes !!
Le plaisir se résume en un petit « yessss… ». La joie éclatera plus tard autour d’un petit pastis. Ici, c’est plutôt le sentiment d’en avoir terminé avec cette montée exténuante qui prédomine.
Petit tour du panorama. Le ciel est bouché mais permet quant même de profiter un peu. Je fais quelques photos avec des piles qui semblent vouloir tenir un peu. Je casse la nième stalactite qui pendouille sous mon nez... Pratique ce moyen de se moucher quand on a la crève ;-)
Ce n’est pas tout, mais maintenant il faut redescendre et dans toute cette poudre, ça promet. Le début de la descente est fatigante car la neige profonde et l’altitude nécessite encore des efforts. Heureusement que cette ascension est débonnaire car il serait difficile d’être attentif... Ca brasse et je m’enfonce à chaque pas. Et ça va être comme ça jusqu’au HC, pendant 700m, yahhhoooo !!
Je fais cette descente accompagné de Flo. Malgré la grande fatigue, on commence à réaliser et la baisse d’altitude nous redonne l’énergie de sortir des conneries… mais la journée est loin d’être terminée.
Tout doucement, le soleil revient nous motiver en dégageant le plafond nuageux, redévoilant les 8000 mythiques qui nous font face. Le panorama a de quoi scotcher.
Nous finissons par rejoindre le HC... Allez, zôm zôm, on repart pour les 450 mètres de descente pour retourner au camp de base, toujours en brassant dans cette neige. La vue sur le plateau du col est hallucinante : des processions de petits points, se déplaçant par grappes de 10-15.
Ce matin, nous étions 8 au sommet (avec les 3 guides) demain et après demain, ce sera des groupes d’au moins 50 qui seront sur les quelques m² du sommet…

Thiérry: Du high camp, il faut vite préparer les affaires pour redescendre dans la vallée de l’Hunku à 4800.
Cette légère modification du programme nous permettra de dormir au sec et à une altitude bien inférieure au camp de base. Initialement, il était prévu de repasser une nuit dans ce camp.
De passage au camp à 5300, nous prenons le temps de manger et de boire un bon thé.
Nous sommes fatigués. Une expé (belge, je crois) nous dit que le col Amphu Lapsa ne passe pas. Petit moment d’angoisse. Je ne me vois pas faire demi-tour.
Mingma veut juger par lui-même. Donc on y va. C’est vrai qu’il fait grand beau. Si ce temps persiste, il est possible que la neige fonde un peu. Si le col est bouché, les porteurs ne passeront pas.
La descente dans la vallée est un peu pénible. Nous marchons souvent sur des petits blocs de rochers instables. Avec la fatigue, un faux pas est possible à tout moment.
Finalement nous arrivons au fond de la vallée sur un grand pré, bien horizontal…ça change. C’est magnifique. Nous sommes très heureux de revoir de la verdure.

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18 octobre: Kongme Digma (4760m) - Hunku Kola (5065m)

D+ 600m, D- 300m, 6h

Levé vers 7h30 pour ce qui doit être une étape de récupération courte... hum... On met 3 plombes à se préparer car il faut retrier tout le matériel dans les sacs d’expé.

C’est parti et nous plongeons véritablement dans la vallée de l’Hunku, réputée pour être fantastique et sauvage. Et bien, pour être franc, c’est peu dire.
Il est difficile de décrire le ressenti en remontant cette vallée... paradis... ? peut être... Vue sur la triplette Nuptse, Everest, Lhotse auxquels s’ajoute le Baruntse... couleurs, ambiance,... Tant de beauté ça assomme.
L’étape avance, l’heure aussi et toujours pas ce fameux lac jouxtant notre prochain bivouac... Migma nous aurait il bleufé afin de nous faire avancer ? Car il faut reconnaitre qu’on a encore l’étape d’hier dans les pates...
Nous parcourons plusieurs kilomètres pour remonter la vallée et repasser au dessus des 5000m. La totalité de la journée se fait au pied du grand Chomolongma et ses glaciers suspendus. Le final sera au bord du lac avec vue sur les géants. Ca caille sévère dans l’ombre...

Demain, l’étape s’annonce assez courte mais difficile pour aller poser le camp au pied de ce fameux Amphu Lapsa, dont les conditions ne sont toujours pas connues...
Pour nous occuper, nous avons participé aux activités des porteurs : lancé de pierre bien lourde et parties de chamboule tout. Dur de rivaliser en précision et en force...

Thiérry: Les organismes commencent à être fatigués mais le moral est bon.
Il nous reste deux étapes difficiles et après nous redescendons à des altitudes plus vivables. Mais avant ça, il faut passer l’Amphu Lapsa...
Vite au lit, bien au chaud. Dehors il fait -12°.

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19 octobre: Hunku Kola (5065m) - Camp de l'Amphu Lapsa (5515m)

D+ 600m, D- 660m, 7h

Message vocal du jour:

Levé très difficile, pourtant il est 7h. La tente étant dans une cuvette, je n’ai pas arrêté de tomber sur Pascal (l’aventure ça rapproche…)
Il fait -8°C et je n’ai pas envie de sortir du duvet.
Gros petit dej’ et on prépare les sacs au soleil…en prenant le temps. On n’est pas très pressés car l’étape du jour est censée être courte… eh eh eh… maintenant on commence à se méfier des durées indiquées par Migma… ;-)

Le paysage qui nous entoure est toujours aussi beau qu’hier : Baruntse, Kaley Himal et entre les deux, le fameux West Col. Sagarmatha veille toujours sur nous. On n’arête pas de sortir des conneries. On sent qu’on est bien acclimatés et ça détend énormément. On marche, on marche, et comme hier, le camp n’arrive pas. On finit par parvenir aux lacs de l’Hunku, splendides.
Le camp est tout au fond du cirque glaciaire qui donne naissance à la vallée de l’Hunku. Et, devant nous, le fameux Amphu Lapsa La. Heureusement qu’on à nos guides avec nous car le passage n’est pas du tout évident à trouver, parmi les nombreuses possibilités (de montée).
Nous avons rejoint une expé de 3 Espagnols. Leur guide vient de monter équiper l’ascension. Il se trouve bloqué par une partie verticale en glace, d’environ 10-20m et fait demi-tour. Du coup, demain, Migma et Iman vont partir très tôt pour équiper ce passage, après avoir récupéré nos broches à glace et mousquetons. Pour nous ça devrait aller mais pour les porteurs, ça ne risque d’être très dur. Les guides donneront leur verdict demain. L’encre du stylo commence à geler avec le -15 dans la tente… il est temps d’arrêter d’écrire...

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20 octobre: Camp de l'Amphu Lapsa (5515m) - Amphu Lapsa La (5820m) - Chunkung (4743m)

D+ 450m, D- 1200m, 12h

Réveil à 6h avec un froid bien intense (-13°C).
Dehors, décor de carte postale. On revêt notre matériel d’alpi et attaquons dré dans l’pentu la montée au col.
Malgré l’altitude, j’ai une pêche d’enfer... ça monte tout seul. C’est une vraie procession qui monte (nous sommes 2 expé). Stop sous le glacier.
Nous avons largement le temps de nous équiper pendant que les porteurs passent la principale difficulté : un mur de 5-6m en glace (moins qu’annoncé par l’autre guide hier…). Les porteurs prennent la corde à la main et grimpent sur de petites marches avec les chaussures de rando, ou avec des godasses + sacs plastiques. Nous c’est le style spantiks, crampons, jumars (décidément...)
Ce petit mur essouffle (l’altitude est tout de même là). Ensuite, nous longeons des rampes sous d’énormes séracs. Une main courante est posée pour les porteurs et ceux qui ne sont pas à l’aise.

Tranquillement nous arrivons au col : Wouah !! Une vue splendide avec d’un coté le Kumbu et de l’autre l’Hunku. Le Lotse est à portée de main, avec ses fameuses bandes jaunes !! Des glaciers de partout, des dédales de moraines... A nos pieds, le glacier de l’Amphu Lapsa et son aspect escalier de mille feuilles.

Thiérry: Nous avons tout le temps de profiter du spectacle.
En effet, au total 49 personnes doivent descendre un rappel de 40 mètres sur la même corde. Les espagnols n’ayant aucun matériel (à part des crampons), ils sont très lents. Leurs porteurs ont visiblement peu d’expérience.
Heureusement, il fait un temps magnifique et la longue attente est agréable. Du haut de notre perchoir, nous surveillons la descente des porteurs. Ils ont beaucoup de mérite. Ils ne sont pas bien équipés et beaucoup sont en baskets. Cependant, nos porteurs connaissent bien ce col. Je crois d’ailleurs que c’était un critère de sélection.

Arrivés dans la vallée, nous voyons tous les porteurs attroupés. Que se passe-t-il ? Une grève ? Ca arrive parfois. Non, en fait, un porteur a dévissé pendant sa descente en rappel, heureusement sans gravité. Le problème c’est qu’il a perdu sa charge : le gros sac d’expé d’Iman et un autre sac plus petit. Iman est toujours dans la face et un porteur le rejoint pour effectuer des recherches. Ils sont bien sûr assistés de leur chef, Mingma.

Un autre incident s’est produit dans la descente, un (très) jeune porteur de l’équipe espagnole était terrorisé. Jean-Phi, Alex, Florian et Pascal l’ont aidé à porter sa charge le temps qu’il reprenne confiance.
En réfléchissant à cet épisode, je me rends compte à quel point nous sommes privilégiés, de part notre équipement évidemment, mais aussi par notre formation. La montagne est pour nous un loisir que nous voulons pratiquer en calculant les risques, en les diminuant au maximum. Pour cela, nous nous formons et nous entraînons sans cesse. Au début de leur carrière, les jeunes porteurs ne bénéficient pas de formation technique de base. Cela peut-être très dangereux dans des passages tels que celui que nous venons de descendre.

Notre prochain camp est au bout d’une longue, longue descente dans le Kumbu.
La nuit arrive, l’immense labyrinthe morainique aussi. Mingma et ses amis nous rejoignent. Ils ont retrouvé les sacs. Nous sommes très heureux pour notre copain Iman.
Le cheminement n’est pas évident mais la marche au clair de lune dans cette vallée crée une ambiance magique. N’ayant plus de frontale (du moins, de piles dedans), la marche se fait en mode « vision nocturne ». Je m’éclate, c’est vraiment trop bon !!

Nous finissons par arriver à Tchunkung vers 20h30. Etant donné l’heure bien avancée, les guides nous proposent des chambres en lodge. On va dormir dans des lits moelleux !!!

Thiérry: Nous sommes sereins car maintenant, nous avons réalisés nos objectifs. Il parait que seulement 20 % des expéditions réussissent de boucler l’itinéraire que nous venons d’emprunter. Je dois dire que je suis très fier de notre petite équipe.
Maintenant, il nous reste trois jours de marche que nous allons consacrer aux visites de monastères et de villages.

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21 octobre: Chunkung (4743m) - Tengboche (3700m)

D+ 325m, D- 1140m, 7h

La nuit fut bien agitée à cause de Mickey, petite souris affamée et heureuse de découvrir les restes de mon pique nique. Jusque là ça va, mais si elle avait pu éviter de s’acharner sur le sac plastique, elle aurait mis un peu moins le dawa !!

La descente est vraiment tranquille ; on retrouve les gros chemins et un monde pas possible. On ne voit même presque plus de Népalais au milieu de cette foule d’occidentaux.
Le retour à la réalité est dur après ces semaines, perdus dans les hautes montagnes.
Changement d’ambiance aussi de la part de la flore : nous retrouvons les forêts de rhodos. Dans les villages précédents, par manque de bois, on assiste à toutes les étapes d’obtention de combustible animal : création, compactage, séchage, entreposage et combustion… ;-)
Nous apercevons aussi des fours solaires. C’est rassurant pour notre action. Le besoin existe. Nous ne nous sommes pas trompés.

En arrivant sur Tengboche, les chemins ressemblent à une route romaine : un vrai boulot de dingue pour la DDE locale.
Une fois arrivés, nous rentrons dans un lodge pour déguster une énorme assiette de patates, œufs, fromage ! Ca, c’est l’apéro, ensuite on va manger le repas préparé par les cooks (on est vraiment affamés !).
Ensuite nous retournons au lodge pour fêter une nouvelle fois la réussite du trek, avec quelques jeunes de l’équipe des cooks, à coup de Tchang, raschy, bière, ainsi que des assiettes de frites. Décidément, on mangerait toute la nuit.
Le besoin de nourriture bien grasse se fait sentir... On va se coucher au mileu des chiens qui nous font un concert...

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22 octobre: Tengboche (3700m) - Namche Bazar

D+ m, D- m, h

Thiérry: Réveil prévu à 7h…
Oui mais, les cloches, tambours et trompes du monastère sonnent à 6h.
La nuit a été courte. Nous nous levons quand même à 7h. Le temps est couvert et le sol est givré. Rapidement, le ciel s’éclaircie. Nous sommes encerclés par l’Everest, le Nuptse, le Lhotse, l’Ama Dablam et le Thamserku. La vue est grandiose.
Juste à côté du camp, se trouve l’éco-center. C’est un lieu où les gens de passage sont sensibilisés à la protection de l’environnement. Sur la terrasse, un vieux four solaire sert d’enseigne à cet organisme.
Nous déjeunons rapidement puis nous allons au monastère, à 50 mètres. Ce monastère a été totalement détruit par un incendie en 1989. Il a pu être reconstruit à l’identique grâce à l’intervention d’Edmund Hillary et de sa fondation. Heureusement, la majorité des décorations ont pu être sauvées.
Nous entrons dans la salle des prières. C’est très impressionnant. Mingma négocie pour que l’on assiste à la cérémonie du thé du Lama. Ce ne sera pas possible ce matin. En revanche, nous achetons des écharpes votives (100 roupies) que nous remettrons au Lama, accompagnées d’un petit billet… Cette petite cérémonie est finalement une bénédiction (payante). La tradition veut que toutes les expéditions qui partent pour l’Everest, se fassent bénir dans ce monastère.
Après tous ces évènements, nous prenons la route de Namche. Le sentier descend jusqu’à la rivière puis, après le pont, remonte pratiquement à la même altitude soit 3800 m. Nous marchons très vite. Nous sommes parfaitement acclimatés en cette fin de trek. Les caravanes de yaks nous croisent dans une file pratiquement ininterrompue.
Après un cheminement très agréable sur un bon sentier, nous arrivons à Namche Bazar. Cette ville, centre culturel et capitale des Sherpas, est très spectaculaire. Elle est construite en terrasses et en forme de cirque. Les toits des maisons sont multicolores. Pour se déplacer dans cette petite cité, il faut de bons mollets. On n’arrête pas de monter et descendre.
Les tentes installées, nous « montons » visiter le musée, assez sympa. Nous redescendons ensuite en ville, en passant par le marché Tibétains, puis . pause « goûter » au bistrot. Au menu, un bon hamburger-frites arrosé de bière. Nous sommes insatiables, nous devons reconstituer nos réserves car nous avons tous maigri de quelques kilos. Nous discutons avec deux suisses de Lausanne qui partent « faire » le Pumori et l’Ama-Dablam…costauds les gars.
A 18h30, nous retournons au camp pour dîner (officiellement). Nous sommes attendus, la soupe est prête. Seulement, nous avons l’estomac plein. Tant pis, nous repassons à table et mangeons. Après le repas, nous payons un pot au groupe. Mingma est avec nous accompagné des « porteurs cuisiniers ». L’ambiance est très chaleureuse, nous sommes dans le lodge à côté du camp, il fait bon. Après cet épisode digestif, nous redescendons en ville à la recherche d’un troquet ouvert. Nous sommes bien décidés à fêter comme il se doit la fin de notre aventure. Et nous entrons au Club Paradise. Re-frites…bières, et parties de billard. L’ambiance est excellente. On écoute Bob Marley et U2. Nous sympathisons avec quatre guides canadiens qui rentrent de l’Ama-Dablam. On se retrouvera à Katmandou au « Tom et Jerry », c’est promis.
Vers minuit, nous rentrons au camp « bien fatigués » et heureux, nous savourons chaque minute qui passe. Encore une bonne journée « épuisante ».

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23 octobre: Namche Bazar - Phakding

D+ m, D- m, h

Thiérry: Nous redescendons vers Phakding et nous traversons la rivière par des ponts suspendus. Tantôt rive droite, tantôt rive gauche. Il fait beau, la vallée est superbe. Il y a beaucoup de monde sur ce chemin. Nous arrivons vers 14h30. Le camp est au bord de la rivière. Prêt d’un lodge, Martine et moi prenons une « hot shower » froide. Et nous voilà en forme. C’est bon d’être propre.
Un peu plus tard, nous faisons un tour dans le village. Très rustique !
Vers 16h, assiette de frites, fromage, œuf. Depuis quelques jours, ça devient une tradition. Nous buvons de la bière Everest ou du chang (chaud), pour moi. Nous prenons ce goûter dans un petit resto où nous avons comme toujours, un super accueil. Vers 18h, nous devons retourner au camp pour dîner. Pas de problème, ça passe.
A 19h, nous repartons au village à la recherche d’une salle de billard où nous pourrions manger…des frites. J’ai bien conscience d’insister sur ce sujet, voir d’être un peu lourd, mais la réalité c’est que nous avons un réel besoin de manger.
Bien sur, notre recherche est couronnée de succès et nous faisons trois parties. A 22h, nous rentrons nous coucher pour la dernière fois sous la tente. Demain sera l’ultime journée de trek, nous rejoindrons Lukla. Nous imaginons que cette journée sera particulière.

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24 octobre: Phakding - Lukla

D+ m, D- m, h

Thierry: C’est donc notre dernier jour de marche. Nous déjeunons dans le petit lodge près du camp. Il a fait chaud cette nuit : 15 °C.
Après seulement deux heures de marche (trois prévues), nous arrivons à Lukla à 10h. La boucle est bouclée. Drôle de sentiment. Nous nous revoyons à notre arrivée il y a trois semaines. Tous, frais et impatients. Personnellement, je suis très heureux d’avoir réalisé cette expédition. Toute l’équipe est en forme, pas de gros bobos. Jean-Phi a un petit souci à un orteil et Martine est guérie de sa bronchite. Depuis quelques jours, elle a de violentes démangeaisons. Nous apprendrons plus tard qu’il s’agissait de la gale, certainement contractée dans un lodge. Le traitement se fera en France.
A Lukla, il nous reste deux fours solaires à installer.
Nous montons à l’hôpital « Ang Lhamu – Nicole Niquille ».Excellent accueil de la directrice. Nous ne pourrons pas faire de démonstration car le soleil est caché, il fait même froid maintenant. Après l’installation, nous visitons l’hôpital. Il a été crée il y a deux ans par l’ex guide suisse, Nicole Niquille. C’est une très belle idée pour les habitants de Lukla et de sa région. Cet hôpital possède un bloc opératoire et une salle d’accouchement. De nombreuses vies seront sauvées.
Retour au Méra lodge pour le dernier repas préparé par nos cuistots. Assez bon mais je ne le digère pas. Je me sentirai « bizarre » jusqu’au couché.
En tout début d’après midi, nous allons à l’école pour installer le dernier four. L’accueil de l’instituteur est « réservé », en apparence. Cette école reçoit 250 élèves. Elle est fermée aujourd’hui. L’instit parle très peu mais Iman nous confirme qu’il est satisfait. Il nous fait signer le livre des visiteurs et nous remet les traditionnelles katas (écharpes).
Une fois l’installation terminée, nous cherchons de quoi nous restaurer et rencontrons deux hollandais que nous avions croisés à Thuli-Karka. Ils nous expliquent qu’ils ont fait le sommet du Méra deux jours après nous. Il y avait du monde ce jour là sur la montagne, 50 personnes ont tenté le sommet, 20 ont réussi et 4 ont dû être héliportées pour cause de graves gelures. Nos traces n’étaient pas effacées mais il faisait très froid et certains groupes marchaient trop lentement. A ces altitudes, quand on ne marche pas, on gèle sur place.
Après cette agréable et chaleureuse rencontre, nous entrons dans un resto. Menu : frites-hamburger mais je n’ai pas d’appétit et j’attends d’aller me mettre au chaud quelques minutes dans mon duvet. Ces quelques instants me réchauffent à peine. A 19h, nous devons descendre dans la cour du lodge pour la remise des pourboires. C’est une cérémonie importante puisqu’elle clôture notre relation de travail avec nos amis népalais. Nous sommes très émus et je pense que tout le monde est satisfait.
Martine et moi ne dînerons pas ce soir. Pas faim, juste un thé (peut-être le stress du départ ou le relachement après ce long trek).
Nous nous couchons vers 22h dans notre petite chambre, bien confortable (par rapport aux tentes). Le réveil est programmé pour 7h demain matin.

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25 octobre: Lukla - Katmandu

Thierry: Réveil 7h, comme prévu.
L’avion doit partir à 8h30. Problème. L’aéroport de Katmandou est bloqué à cause de la brume. Nous devons attendre. Il y a beaucoup d’agitation dans le petit aéroport de Lukla. Nous sommes un peu tristes de quitter nos amis porteurs, durant ces trois semaines, malgré la barrière de la langue, une complicité s’est installée entre nous. Ceux qui nous accompagnent jusqu’à notre départ sont aussi émus que nous.
Finalement, nous quittons Lukla à 14h. Le décollage est impressionnant. En bout de piste, l’avion se jette dans le vide. Le moindre problème serait fatal.
Quarante minutes plus tard, nous arrivons à Katmandou. Il fait beau et chaud, c’est très agréable. Un minibus doit nous amener à l’hôtel. Il y a une manifestation en ville, contre l’augmentation du prix de l’essence et du gaz. Nous sommes contraints de faire des tours et des détours…Finalement, après une heure de route dans les embouteillages, nous arrivons à l’hôtel: douche, linge propre…génial.
A 21h, Martine et moi retrouvons Jean-Phi. Nous allons au Maya-Club, un restaurant de spécialités mexicaines. Le repas à l’air très bon. Comme je n’ai toujours pas d’appétit, je préfère ne pas manger.
Retour à l’hôtel vers 23h. La circulation, le bruit et l’activité permanente de Thamel nous épuisent. Le contraste est énorme avec le calme des montagnes.

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26 octobre: Katmandu

Thierry: Nous devions déménager à l’hôtel Shakti mais c’est repoussé à demain. Pas de problème.
A 10h, nous allons à l’agence pour le débrief de fin de trek. Nous avons une conversation extrêmement intéressante avec Sunar. Il nous explique que le trek que nous venons d’accomplir nécessite une totale autonomie en montagne. En effet, à partir d’une certaine altitude ou en situation extrême, le comportement des individus peut changer fortement. Pour cette raison, il faut être prêt à faire face à toutes sortes de situation. Nous adhérons totalement à ces propos et c’est d’ailleurs pourquoi, nous tenions à bien nous préparer, en groupe, avant notre départ. Quand on se connaît bien, un éventuel « coup dur » est plus facile à gérer.
Après ce moment très enrichissant, nous traçons dans Thamel. Resto sympa puis Durbar Square. Ce quartier est très agréable, des temples et des palais, une architecture extraordinaire.
Nous décidons ensuite de voir le grand Stupa « Monkey Temple » de Swayambunath. Nous partons en pousse-pousse. Un grand moment ! Que d’émotions. Je pense que la pratique de la montagne est moins dangereuse. Notre chauffeur (cycliste) ri aux éclats. Nous nous cramponnons pour ne pas être débarqués en route.
Dès le pied du Stupa, l’ambiance est très mystique. En montant les escaliers, nous sommes accueillis par les singes qui envahissent les lieux. Au sommet, nous sommes très impressionnés. Des temples, des cérémonies, de la musique, des bougies. L’ensemble est très beau et très particulier. C’est la tombée de la nuit. Nous avons une vue plongeante sur Katmandou.
Retour en taxi jusqu’à l’hôtel. Quelques achats, puis dîner. Fin de soirée au Pub « Maya Cocktail Bar »…excellent. Couché vers 2h. Réveil programmé à 7h…

27 octobre: Katmandu - Bhaktapur

Thierry: Aujourd’hui on décide de visiter Bhaktapur. C’est une petite ville proche de Katmandou.
Environ une quinzaine de kilomètres plus tard, nous sommes arrivés. Droit d’entrée dans la ville : 750 roupies par personne. C’est un peu cher, mais il faut bien financer les restaurations.
La cité médiévale est composée de temples et de palais. Architecture Newar. Cette ville est belle et calme. Les habitants font sécher leur récolte de riz. Il y a peu de circulation. Il fait bon y venir se promener.
Nous repartons vers 15h30 en direction du Boddanath à Katmandu. Plus grand Stupa du monde, c’est un monument extrêmement impressionnant. Beaucoup de pèlerins et de moines prient en marchant autour du Stupa. C’est un lieu très mystique et multicolore. Les drapeaux de prières se détachent sur le ciel.
Après cette visite, Alex, Martine et moi décidons de partir à pied pour Pashupatinath. Nous savons que le temple n’est pas très loin mais il n’est pas évident de trouver l’itinéraire.
Nous arrivons à la tombée de la nuit. L’ambiance est étrange. L’intérieur de ce temple est réservé aux hindous. Nous arrivons par hasard sur le lieu des crémations, au bord de la rivière. Il fait nuit. A une centaine de mètres de nous, un bûcher est en flamme.
Nous préférons nous éclipser et rentrer en ville.
Le groupe se reconstitue pour aller dîner. Je décide de faire un tour au « Tom et Jerry » pour voir si nos copains canadiens de Namche sont là. Malheureusement ils sont absents, mais nous buvons à leur santé.

28 octobre: Katmandu

Thierry: Aujourd’hui, repos.
Nous nous offrons une grasse matinée et décidons de nous balader dans Katmandou. Alex visite Patan. Chacun termine ses derniers achats de souvenirs. Il y a tellement de belles choses à rapporter chez nous.
En fin de matinée, nous rencontrons par hasard Alex.
Nous allons déjeuner ensemble dans un restaurant à l’écart du centre-ville.
Au moment d’attaquer notre repas, un français s’invite à notre table. Nous sommes un peu surpris mais pourquoi pas. En fait, nous nous rendons compte que cet homme à besoin de parler. Il nous explique qu’il a gravi le Méra-Peak en état second, treuillé par son guide. Vu son état physique, il se considère comme un rescapé. Son discours sur l’organisation de son expé est édifiant. Bref, c’est terminé, il est content d’être vivant mais en même temps très amer.
Le reste de la journée se passe tranquillement. Nous préparons nos sacs car demain, nous rentrons à la maison.

28 octobre: Katmandu - retour

Thierry: Voilà, c’est fini.
Ce matin, nous quittons nos amis népalais.
L’enregistrement des bagages à l’aéroport est hallucinant. C’est une sorte d’anarchie organisée. Nous sommes très inquiets. A juste titre d’ailleurs car mon sac n’arrivera que huit jours plus tard.
Le vol vers Delhi est assez rapide. Par contre, notre attente dans la zone de transit de l’aéroport sera très longue (10h), d’autant plus que nous n’avons pas nos sacs à dos. Pas de livres pour passer le temps. Vraiment pénible. Enfin l’embarquement dans l’avion. Le vol est superbe. Il fait beau. A notre droite, nous distinguons au loin la chaîne Himalayenne.
Le survol de l’Afghanistan est impressionnant. Les couleurs et le relief sont magnifiques. J’imagine que la vie au sol doit être moins agréable.
Quelques heures plus tard, nous arrivons enfin à Lyon (via Londres). Les familles sont là pour nous accueillir. Ca nous fait énormément plaisir. Nous prenons un peu de temps pour échanger quelques impressions. Le groupe se sépare sans avoir oublié de « dater » notre prochaine rencontre.

Cette belle aventure s'achève mais le projet continue! Nous allons prendre régulièrement des nouvelles du fonctionnement des fours et de leur utilisation par les Népalais.
A suivre dans les actualités du site ;-)

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